Marseille, Narbonne, Hérault, Gard… Le Sud a suffoqué ces derniers jours. Et pas seulement à cause de la chaleur.
Trois incendies majeurs ont frappé la région entre lundi et mercredi. Le plus impressionnant a touché les quartiers nord de Marseille, parti d’un simple véhicule en feu sur l’autoroute A55. Le feu a rapidement gagné les collines des Pennes-Mirabeau, poussant jusqu’au 16e arrondissement de la ville.
Le feu a ralenti, mais l’été s’annonce long
Il aura fallu trente heures et plus de 1 000 pompiers pour « fixer » les flammes. Un terme précis, utilisé lorsque le feu ne progresse plus, même s’il n’est pas totalement éteint.
« Le feu est fixé, mais les esprits sont loin de l’être. »
Sur les 94 habitations touchées à Marseille et Pennes-Mirabeau, 76 ne sont plus habitables. Aucun décès, mais 110 blessés légers, dont 79 parmi la population, et plusieurs pompiers également pris en charge.
Dans le même temps, près de Narbonne, un autre brasier a parcouru 2 100 hectares de forêts. Bilan matériel : trois maisons détruites, une grange, et quelques véhicules. Là aussi, le feu est désormais considéré comme « fixé ».
Dans l’Hérault et le Gard, deux incendies supplémentaires – à Castelnau-de-Guers et Montdardier – ont été maîtrisés après avoir respectivement brûlé 400 et 430 hectares.
Mardi, les pompiers des Bouches-du-Rhône sont intervenus sur 40 départs de feu. Un chiffre six fois supérieur à la moyenne. Le vent, la chaleur, la sécheresse : le cocktail est bien connu, mais de plus en plus explosif.
Le mois de juin vient de battre un record de chaleur en Europe de l’Ouest, selon Copernicus. Et ce n’était que le début. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en déplacement à Marseille, a résumé l’ambiance : « Tout indique que nous allons vers un été à haut risque. »
« On est seulement début juillet. Le plus dur est peut-être devant. »
Sur le terrain, les moyens sont tendus. Flotte aérienne vieillissante, effectifs en tension, matériel parfois obsolète… Certains élus montent au créneau pour réclamer un plan de modernisation de la sécurité civile.
Jeudi, le risque incendie restait élevé dans les Bouches-du-Rhône, le Gard, le Var, le Vaucluse, l’Aude. Tous les massifs forestiers du département des Bouches-du-Rhône, y compris le parc national des Calanques, sont restés fermés. Même chose dans les Alpilles.
Et la vigilance ne s’arrête pas au Sud. Plusieurs départements de l’Ouest – Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres – sont également concernés.
Le vent devrait tomber vendredi avec le retour de conditions anticycloniques. Mais la sécheresse du sol, elle, ne disparaîtra pas si vite.
Face à des flammes de plus en plus précoces et intenses, la question est désormais sur toutes les lèvres : la France est-elle vraiment prête à affronter un été qui ne fait que commencer ?


