Fiona Scott Morton renonce au poste d’économiste en chef à la Commission européenne
Après une vive polémique, l’Américaine Fiona Scott Morton a finalement décidé de ne pas occuper le poste d’économiste en chef à la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne. Cette nomination avait suscité de nombreuses inquiétudes et critiques, notamment en raison des liens étroits de Mme Scott Morton avec les grandes entreprises du numérique aux États-Unis. Néanmoins, cette affaire soulève des questions sur la stratégie et les priorités des institutions européennes.
Le parcours controversé de Fiona Scott Morton
Professeur à l’université de Yale, âgée de 56 ans et diplômée du MIT, Fiona Scott Morton est spécialiste des questions d’économie industrielle. Elle a également occupé des postes importants dans l’administration Obama et conseillé de grands groupes des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). La proposition de lui confier un rôle clé au sein de la Commission européenne avait donc provoqué une levée de boucliers.
Les critiques contre sa nomination
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette nomination, y compris parmi les eurodéputés et les représentants des gouvernements nationaux. Ces derniers ont souligné que la désignation d’une personnalité aussi proche des géants américains du numérique était inappropriée en raison des enjeux stratégiques et commerciaux entre l’Union européenne et les États-Unis. De plus, il serait difficile pour Mme Scott Morton d’être impartiale dans sa fonction de régulatrice, étant donné ses antécédents professionnels.
La décision de renoncer au poste
Face à cette polémique grandissante, Fiona Scott Morton a finalement annoncé le 19 juillet qu’elle renonçait à ses fonctions. Dans une lettre rendue publique par la commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager, elle explique être honorée de sa nomination mais se retirer « pour ne pas créer de distractions ni nuire à l’important travail de la Commission ». Mme Vestager a déclaré regretter cette décision.
Les conséquences pour la Commission européenne
Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontées les institutions européennes en matière de concurrence et de régulation du secteur numérique. La Direction générale de la concurrence est en effet responsable de l’évaluation des pratiques commerciales et de la lutte contre le dumping, ce qui implique souvent des conflits d’intérêts avec les grandes entreprises américaines. Par ailleurs, l’échec de la nomination de Fiona Scott Morton souligne l’importance d’une meilleure coordination et d’un dialogue constant entre les différents acteurs européens sur ces questions sensibles.
Leçons à tirer de cette controverse
- La vigilance des élus et des gouvernements nationaux : cette affaire montre l’importance de la surveillance et du contrôle des nominations au sein des institutions européennes, afin d’éviter les conflits d’intérêts et les erreurs stratégiques.
- La nécessité de renforcer l’indépendance des régulateurs : pour assurer une régulation efficace et équitable du secteur numérique, il est essentiel que les responsables chargés de l’application des règles soient indépendants et libres de tout lien avec les grandes entreprises concernées.
- Une meilleure communication entre les acteurs européens : pour éviter ce genre de polémique à l’avenir, il est important de renforcer le dialogue et la coordination entre les différentes institutions européennes, ainsi qu’avec les représentants des États membres et du Parlement européen.
En somme, bien que l’affaire Fiona Scott Morton se termine par un retrait volontaire, elle soulève des questions importantes sur la gouvernance et la vision stratégique de l’Union européenne en matière de concurrence et de régulation du numérique. Il est désormais crucial de tirer les enseignements de cette controverse et de mettre en place les mécanismes adéquats pour prévenir de tels problèmes à l’avenir.